Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
revue philosophique

l’endormons pour effacer, à l’aide de la suggestion, l’effet produit par l’aimant.

Ces deux expériences sont la reproduction exacte de celles que nous avions d’abord faites à l’aide de la suggestion. Elles montrent que la suggestion n’altère en rien la nature des phénomènes psychologiques, car l’acte spontané ne se comporte pas autrement, en face de l’aimant, que le même acte suggéré.

V

Nous n’en avons pas encore fini avec le transfert des phénomènes moteurs ; il nous reste à étudier les paralysies motrices. Ces paralysies sont provoquées chez les somnambules par suggestion, c’est-à-dire par le même mécanisme que les spasmes et les actes impulsifs ; seulement la suggestion qui agit ici n’est plus excitatrice, elle est inhibitive.

Le phénomène le plus simple de ce groupe est constitué par la paralysie totale d’un membre, avec perte de tous les mouvements que ce membre est capable d’exécuter. Si l’on impose à une somnambule l’idée qu’elle est paralysée du bras droit, on voit qu’en effet ce membre perd la faculté de se mouvoir, et si la suggestion a été faite d’une façon appropriée, la paralysie persiste après le réveil ; elle s’accompagne, comme les paralysies organiques, d’exagération des réflexes tendineux et de trépidation spinale ; il existe même une exagération et une modification de la secousse musculaire provoquée par le choc galvanique. De plus, la malade ne peut avec sa main saine trouver sa main paralysée, il y a perte du sens musculaire. Cette paralysie suggérée offre donc des caractères objectifs suffisants pour rendre la simulation impossible. Nous allons voir qu’elle est soumise au transfert.

Wit… est dans le sommeil somnambulique : nous lui suggérons une paralysie de la main gauche qu’elle gardera au réveil et nous la réveillons immédiatement ; au bout d’une minute, la main gauche s’engorge, devient chaude, rouge, se couvre de sueur à sa face palmaire ; elle est complètement immobile, les réflexes tendineux de l’avant-bras sont exagérés. La main droite est allongée sur une table à 2 centimètres d’un aimant à cinq branches. Au bout d’une minute commence un tremblement très intense de la main droite, l’avant-bras et le bras s’agitent aussi de mouvements oscillatoires qui