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revue des périodiques

Cet intéressant essai fait partie du recueil d’articles publié sous le titre de Studi di pedagogia (il en a été parlé dans notre dernier numéro).

De Johannis : Les lois naturelles et les phénoménes économiques. Cet article est écrit à propos d’une opinion émise par M. De Laveleye dans un article sur les lois naturelles et l’objet de l’économie politique, (Journal des économistes, avril 1883). On reproche à M. De Laveleye de professer une « économie métaphysique socialiste ». M. De Laveleye convient tout d’abord que toutes les manifestations humaines dépendent de lois naturelles, mais il trouve ensuite que certaines lois émanent « de la volonté de l’homme ». Cette hypothèse antiscientifique, dont l’auteur de l’article met en lumière les contradictions, serait une conception désastreuse dans le domaine économique. Mettre en opposition les lois sociales, émanées de la libre volonté, avec les lois naturelles, est une absurdité manifeste. Loin que la loi ait le pouvoir de changer les conditions d’un peuple, ce sont, au contraire, les conditions naturelles, héritées, etc., des peuples qui changent les lois. Aussi la conclusion forcée des socialistes logiques, radicaux (M. De Laveleye n’est que socialiste orthodoxe}, est la décevante utopie d’un État-Providence.

Regalia : Sur la téléologie et les fins de la douleur. Quoi que fassent les philosophes, ils ne réussiront pas à prouver que la douleur n’est pas un mal, ni surtout à prouver que ce mal peut cesser. On ne réfute pas les métaphysiciens qui, à l’exemple de Leibnitz, pour mettre d’accord entre elles l’existence du mal et l’hypothèse du bien, ont nié la douleur. D’autres, plus sérieux, ont essayé de donner la raison du mal. Ardigô la trouve dans sa correspondance avec le besoin : la « providence » de la nature a « inventé » la douleur, pour assurer « la durée de la vie animale », moyen quelque peu détourné, en vérité, d’atteindre le but. Durhing, Vaihinger, J. Sully, optimistes méthodiques, en font une nécessité psychique, la douleur étant une condition sine qua non du plaisir. Mme Royer admet, comme une hypothèse possible, une diminution en quantité, avec une élévation en qualité, de la vie, et des « derniers survivants se perpétuant en une sorte d’immortalité relative ». Ce sont, pour l’auteur, des propositions inconcevables, inadmissibles, que ces hypothèses métaphysiques et métempiriques, par lesquelles on prétend expliquer et justifier les souffrances des êtres animés. Comme M. Paulhan dans son article sur les conditions du bonheur et l’évolution humaine, M. Regalia a quelque « difficulté à se délivrer de la croyance que le monde ait pour auteur un être intelligent, ou, sans cela, que tout soit bien, au moins parce que tout doit finir bien, dans le monde. »

Revue analytique : Théorie des sciences, de Bourdeau (Morselli). — L’égalité sociale, de Mallock. (De Johannis).

III. — R. Ardigò : Le hasard dans la philosophie positive (extrait du second volume des Œuvres philosophiques de l’auteur, qui vient de paraître chez l’éditeur Draghi, de Padoue),

T. Vignoli : Charles Darwin et la pensée. Il a fait plus que Galilée