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PÉRIODIQUES.. — The Journal of speculative philosophie.

inconscient, que tout ce qui est au-dessus est conscient. Comment la conscience est sortie de l’inconscient, la science ne l’explique pas. La conscience n’a donc pas jusqu’ici de genèse scientifique, et la difficulté de la découvrir est si grande que les hommes de la plus haute culture scientifique tendent toujours à tomber ici dans une explication théologique et admettent un création spéciale.

Cependant la conscience existe ; elle a eu son commencement historique, et elle doit avoir eu son commencement paléontologique. Si la science ne peut en justifier l’existence, c’est parce que ce terme a été trop exclusivement restreint à la vie animale. Dans notre recherche de la conscience, nous n’avancerons en rien, tant que nous n’aurons pas découvert un état — un état de quelque chose — dans le sens vrai du mot. Réduisons donc par la pensée la matière à sa forme la plus simple, celle de l’atome. Tant que l’atome reste à l’état de matière, il est dans ce qu’on peut appeler « un état négatif ». Remarquons qu’il nous importe très peu que l’atome soit en mouvement ou en repos, car l’un et l’autre ne sont que des changements de rapport, de position entre la matière et la matière ; mais ils n’ont rien à voir avec l’état ou les états de la matière qui est ainsi en mouvement ou en repos. Supposons donc deux atomes dans cet état négatif (mouvement ou repos, peu importe) : ils se rencontrent, il arrive quelque chose au moment de leur collision. Il s’agit bien entendu non du changement de mouvement, mais de quelque chose qui arrive dans la matière même qui constitue les atomes ; et ce nouvel état de la matière, nous pouvons, par opposition à l’autre, l’appeler « état positif ». Si l’on demande quelle est la nature physique de ce quelque chose qui arrive dans la matière au moment de la collision atomique, on doit dire que la réponse n’est pas possible, puisqu’on n’a pas encore déterminé ce qu’est la matière en elle-même ; que d’ailleurs cette réponse n’est pas urgente ; que la seule chose importante, c’est que la matière soit susceptible de deux états, qui sont strictement l’opposé l’un de l’autre. Comme deux négations s’excluent et s’expliquent réciproquement, l’auteur en conclut « que, dans l’acte de la collision atomique, la matière entre dans la conscience, perd son aspect matériel, n’est plus descriptible en termes de matière, de sorte qu’en fin ce compte matière et conscience sont identique. »

Cas deux états de la matière, positif et négatif, répondent à la conscience et à l’inconscient. Ce principe posé, l’auteur y ajoute plusieurs remarques, dont nous ne donnerons que les principales :

Herbert Spencer a essayé de montrer que la dernière unité de la conscience doit être analogue à ce que nous appelons un choc nerveux. L’auteur admet cette thèse, à condition qu’on remplace le mouvement par la collision atomique.

La conscience fait partie du domaine de la science ; mais la science ne peut constater que des rapports. La théorie courante est que le mouvement et la conscience ont un rapport intime de cause à effet. Nous avons vu que cela n’est pas possible : entre la conscience et le mouve-