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REVUE PHILOSOPHIQUE

Les travaux des récents commentateurs nous ont fait voir que cette méthode expéditive de traiter la philosophie critique n’est pas acceptable… Je suis loin de soutenir que Kant a produit un système final de philosophie qui n’admet aucun développement et doit être docilement accepté ; tout ce que je pense, c’est que Kant, avec des imperfections et même quelques contradictions, a exposé une philosophie qui doit être regardée moins comme une rivale de la psychologie anglaise que comme une théorie qui la dépasse. »

Dans les « Notes et discussions, » M. Bain présente quelques observations sur les Statistics of mental imagery de Galton (analysés ici, tome X, p. 236). Il loue le projet d’étendre de plus en plus à l’esprit humain la méthode des sciences physiques, — observation, expérimentation, induction ; — mais il se demande si Galton a réellement fait une œuvre profitable pour la psychologie ou si ses recherches ne doivent pas rester pour une grande part dans le domaine de la statistique. Il lui reproche aussi de poser des questions vagues auxquelles il y a plusieurs manières de répondre suivant la position des individus. Enfin il fait remarquer « qu’un fait ou une loi psychologique suppose la réunion de deux particularités : par exemple, l’observation d’une mémoire visuelle bonne ou mauvaise devient de la psychologie, du moment où cette propriété est liée à une seconde propriété comme cause, conséquence. condition, concomitant ; et alors seulement. »




THE JOURNALE OF SPECULATIVE PHILOSOPHY.
July, October 1880.


Cette Revue, qui depuis sa fondation (1867) paraissait à Saint-Louis (Missouri), se publie maintenant à New-York, chez Appleton and Co.

L’article le plus important de ces deux numéros nous paraît celui de M. Payton Spence, intitulé Une nouvelle théorie de la conscience. Entre la conscience et le monde des phénomènes, la séparation semble abrupte : la science n’a trouvé aucun moyen de la combler. Et cependant la philosophie contemporaine croit à l’unité des choses, de même que la science contemporaine vise à une vérification de cette conception philosophique : la continuité des phénomènes de la matière et de l’esprit.

Dans l’évolution de la terre, il y a eu nécessairement un temps où la conscience n’existait pas, et, quelque effort qu’on fasse pour expliquer le passage lent et graduel de l’inorganique à l’organique, il est indéniable que, pendant une période de temps indéfini, la nature a dû être complètement inconsciente, tandis que, depuis une certaine époque, il y a eu une succession continue de conscience ; ou, pour nous en tenir à l’état de choses actuel, nous voyons que tout ce qui est au-dessous d’un certain type indéfini de structure organique est complètement