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PÉRIODIQUES.. — Mind.

se corroborent. Les mouvements particuliers des objets qu’étudient les autres sciences ne sont que les signes des qualités qui agissent sur l’observateur, les signes d’un processus inconnu qui se développe hors de nous. Il en est tout autrement pour les états de l’esprit. Les mouvements particuliers vus ou inférés dans le substratum nerveux indiquent directement les qualités correspondantes dans l’objet qui se meut. Cette complète équivalence du mouvement et de la sensation ne rencontre dans la nature que dans les foyers sentants, et elle peut conduire avec le temps à la construction d’une science exacte de valeurs qualitatives, tandis que dans l’état présent de nos sciences les qualités ne sont représentées que d’une manière très incomplète par des signes quantitatifs. »

A. W. Benn. La morale de Herbert Spencer. Article consacré à une critique du livre The Data of Ethics, dont il a été rendu compte ici (tome IX, p. 73) et dont le Mind a publié une précédente critique[1]. M. Benn après avoir rappelé que Spencer considère sa morale comme la partie suprême de son système, élève des doutes sur la valeur de ce jugement et soutient que son vrai titre de gloire devant la postérité consiste dans ces parties de sa philosophie qu’il traite de subsidiaires. D’une manière générale, Spencer a essayé de combiner le point de vue de Bentham et de ses disciples avec celui de Guillaume de Humboldt et les deux avec la théorie d’un sens moral inné. L’auteur pose à la morale de Spencer les quatre questions suivantes : Quelle est pour notre activité la fin suprême ? Comment convaincre les autres que notre critérium est le meilleur ? Quels sont les motifs bons ? Par quels moyens la fin suprême est-elle atteinte ? Après une discussion très détaillée où nous ne pouvons le suivre, M. Benn conclut que Spencer laisse le problème moral au point où il l’a pris, qu’il n’a donné aucun argument nouveau en faveur de la théorie utilitaire et qu’il n’a répondu à aucune des critiques dirigées contre elle ; que la moralité est un facteur dans l’évolution et tend vers le même but final ; mais que l’évolution seule ne peut l’expliquer, « parce que ses fondements sont situés au-dessous du flux et reflux des choses. »

W.-L. Davidson. La classification botanique. — Étude d’un caractère très spécial qui ne peut être analyse.

J. Watson. La méthode de Kant. — La plus grande partie de cet article est consacrée à combattre les thèses soutenues par Balfour dans son étude intitulée Transcendentalism[2]. Voici la conclusion générale de M. Watson : « Il n’est plus permis de parler de Kant comme d’un inintelligible philosophe a priori du type dogmatique, afflige de cette hallucination que la partie la plus importante de notre connaissance consiste en idées innées situées dans les profondeurs de la conscience, mais qu’on peut mettre en lumière en creusant profondément.

  1. Vois l’analyse dans la Revue philosophique, 1800, tome X. p. 235.
  2. Voir tome VII, p. 100.