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ANALYSES. — WUNDT. Gehirn und Seele.

critique de Kant « Omnes perceptiones tam sensus quam mentis sunt ex analogia hominis, non ex analogia universi : estque intellectus humanus instar speculi inæqualis ad radios rerum, qui suam naturam naturæ rerum immiscet, camque distorquet et inficit. » — « La pensée centrale de la philosophie de Bacon, dit M. Fowler, est que nous devons nous mettre en quelque sorte en face de la nature et étudier les faits du monde extérieur, au lieu de partir de nous-mêmes et de projeter pour ainsi dire nos propres pensées sur l’univers. L’homme doit regarder hors de lui et non en lui, s’il veut vraiment connaître le monde qui l’entoure. Cette idée est parfaitement juste, mais à une condition : c’est de se rappeler que, après tout, nous ne pouvons jamais connaître les choses telles qu’elles sont en soi, mais seulement telles qu’elles nous apparaissent. Quelques précautions que nous prenions, la constitution générale de l’esprit humain, la constitution particulière des esprits individuels contribuent nécessairement pour leur part à déterminer la forme que prend notre connaissance. Quand nous parlons du vrai, nous entendons, en dernière analyse, ce que tous les hommes pourraient être amenés à reconnaître, si leurs facultés étaient saines et vigoureuses, et s’ils étaient en possession de tous les matériaux requis pour juger.  »

Ainsi, en bien des points, l’éditeur signale et corrige avec une parfaite impartialité ce que les vues de l’auteur ont souvent d’incomplet, d’illusoire et de juvénile. Peut-être cependant, s’il était lui-même moins baconien d’esprit, M. Fowler eût-il marqué, d’une façon plus nette encore et plus ferme, ce qui fera toujours la faiblesse de cette philosophie des sciences, son manque de grandeur par exemple, au prix du mécanisme cartésien, je veux dire la timidité spéculative (nullement rachetée par des hardiesses d’imagination) ; un mépris irréfléchi de l’hypothèse, une méconnaissance absolue de la puissance du calcul, la malencontreuse réduction des mathématiques au rôle d’axiliaire dans la science, d’un seul mot, une perpétuelle défiance de la raison.

Henri Marion.




Wundt. — Gehirn une Seele (Encéphale et âme). Extrait de la Deutsche Rundschau. In-8, 26 p.

Dans ce travail, l’auteur s’est proposé de rechercher sous quelle forme se posent actuellement certaines questions philosophiques depuis longtemps débattues.

Il se produit de nos jours, dans le domaine physiologique, une révolution analogue à celle qui eut lieu au xviie siècle à la suite des découvertes de Copernic et de Galilée. La philosophie de la nature de Descartes fut, à cette époque, l’expression la plus complète des idées régnantes. Elle consistait en une explication rigoureusement mécanique du monde. Mais, tandis que sa physique et son astronomie n’appartien-