émotionnel ou passionnel, précédemment étudié. Ce cas ne ressemble pas à une conversion. Pourquoi ?
On a de nombreuses confessions de convertis ; elles nous apprennent ce qui suit. Avant la conversion, le plus souvent un état de malaise, de mécontentement de soi-même et des autres, de dégoût pour toute chose, d’impossibilité de désir et de plaisir. W. James en a transcrit plusieurs, entre autres celle de Tolstoï qui est très détaillée (ouv. cité, p. 149 et suiv.). Après la conversion un sentiment de joie, puis de paix, de quiétude ; « tout prend une apparence de nouveauté » (exemples dans Leuba, loc. cit.). Ceci diffère totalement du changement d’humeur qui est une cause[1]. Chez le converti, la transformation affective ci-dessus décrite est un effet ; elle résulte du travail souterrain qui commence ou qui est fini et elle se ramène à un jugement défavorable sur la vie ancienne, à un jugement favorable sur la vie naissante. Or (et c’est le point important à noter) ce travail aboutit à un apport intellectuel : une nouvelle croyance, un ensemble d’idées et de préceptes faisant corps. À moins d’admettre une forme d’activité raisonnante inconnue de nous, on est réduit à supposer que la constitution et l’adoption d’un idéal sont, chez le converti, le résultat d’un ensemble de jugements qui convergent vers une même fin, une même conclusion ; que tout se passe comme si, à l’état latent, une somme de jugements de
- ↑ J’entends pour la psychologie, car il est l’effet de changements physiologiques dans l’individu.