(je néglige les variantes), l’une ignorant l’autre. Quoique la mémoire ne constitue pas à elle seule l’identité et la continuité de l’individu, elle on est la forme visible, le témoin qui l’atteste toujours ; ordinairement, cette alternance de mémoire s’accompagne d’une alternance de caractère et de sentiments. Les observateurs l’ont notée, en la laissant un peu dans l’ombre. Il en résulte que le changement de personnalité est réduit principalement à un changement de mémoire ; et, par suite cette anomalie est, caractérisée surtout par des variations intellectuelles, la mémoire étant le magasin où se conservent toutes nos connaissances.
Pour les conversions, il en est autrement. Il y a scission en deux vies, mais principalement — on pourrait dire exclusivement — dans l’ordre des sentiments et de l’action. La crise terminée, le calme rétabli, le converti renie son passé, mais il ne l’ignore pas : rien n’est changé dans sa mémoire. Il n’est devenu autre que dans sa croyance, ses opinions, sa conduite. L’ébranlement n’atteint sa vie intellectuelle que par contre-coup, elle se modifie seulement dans la mesure que sa nouvelle position exige. L’athée peut devenir un dévot, le libertin un saint ; mais pour tout ce qui est étranger à sa nouvelle croyance, il juge et raisonne comme autrefois. On peut en conclure que toute conversion est une altération partielle de la personnalité dans ses éléments affectifs.
On peut employer une autre formule mieux adaptée à notre sujet c’est une interversion des valeurs. Ceci est