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Section II.

Le raisonnement inconscient

Une question préalable se pose : Y a-t-il dans la logique émotionnelle des jugements et des raisonnements inconscients ? Elle est d’autant plus légitime que la vie affective plus que toute autre paraît plonger dans l’être ; au-dessous de la conscience. Malheureusement nous n’avons pas de réponse positive à proposer. Dès qu’on entre dans la région ténébreuse de l’inconscient, toute interprétation, c’est-à-dire la traduction dans le langage clair de la conscience se fait à l’aventure.

En ce qui concerne les faits, j’ai soutenu ailleurs qu’il y aurait avantage à établir deux catégories : 1o l’inconscient statique comprenant les habitudes, la mémoire et en général tout ce qui est savoir organisé : c’est un état de conservation, de repos, tout relatif, puisque nos états internes subissent d’incessantes métamorphoses ; 2o l’inconscient dynamique qui est un état latent d’activité, d’incubation, d’élaboration. On a des preuves à profusion de cette rumination inconsciente qui ne se traduit dans la