Page:Ribot - La logique des sentiments, Félix Alcan, 1905.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii
PRÉFACE

tion, ni la comparaison des perceptions et de la mémoire, ni le raisonnement des autres opérations qui l’accompagnent dans le travail de l’esprit. Elle soutient que le raisonnement psychologique et le raisonnement sous sa forme ou construction logique sont deux, que même ce dernier est le plus souvent improductif, parce qu’il ne sert qu’à rendre claires les données implicites de la conscience. Tel est le résumé de travaux, trop peu connus en France, qui se poursuivent depuis plusieurs années en Angleterre, en Allemagne, en Amérique[1].

Par suite, la psychologie doit traiter les opérations dites logiques comme d’autres faits, sans souci de leurs formes ou de leur validité ; pour elle, un mauvais raisonnement vaut autant qu’un bon. Renvoyant à la logique les questions de droit, à la théorie de la connaissance ou à la métaphysique les questions dernières, son champ d’action est déterminé sans équivoque.

Quoique notre sujet soit, lui aussi, une application de la psychologie à la logique, il faut avouer qu’il est d’une nature spéciale ; car les formes de raisonnement qui en sont la matière, ont été oubliées,

  1. Ceux de Bosanquet, Jevons, Sigwart, Wundt, Lipps, Benno Erdmann, Höffding, Brentano, Jerusalem, etc. et d’autres que nous signalerons dans le cours de cet ouvrage.