II. — L’amour que je choisis comme exemple de la passion expressive, se présente sous tant de formes que le rôle de la logique ne peut être toujours le même. En allant du simple au complexe et du minimum au maximum de rationalité, je distingue trois principaux types.
1o L’amour dans toute sa fougue, avec la plénitude des éléments physiques et psychiques qui le constituent, éclatant comme un coup de foudre, irrésistible comme l’instinct, justifiant la thèse de Schopenhauer que c’est le génie de l’espèce qui maîtrise l’individu et l’emploie comme le seul instrument de son vouloir ; — ce cas est étranger à la logique ; à moins qu’on n’entende la logique organisée, immanente, inconsciente de l’instinct. Cette assimilation a été indiquée et discutée plus haut. Entre l’éruption impulsive et le but, il n’y a pas de moyen terme intercalé. Cet entraînement fatal qui fait affirmer aux amants qu’ils ont le droit absolu de s’appartenir, en dépit de tout et de tous, ne ressemble pas au déterminisme d’un raisonnement soit rationnel, soit affectif.
On a comparé cette manifestation de l’amour « à un fleuve immense qui entraîne tout dans son cours et auquel rien ne saurait résister » ; mais le torrent amoureux n’entraîne que ce qui tend vers son but et laisse le reste. Une comparaison plus exacte serait avec les cas morbides d’accaparement de la conscience par une idée fondamentale, fixe, immuable, l’acceptation sans critique. de tout ce qui la favorise, l’exclusion de tout ce qui la contredit.