d’une part et celui du raisonnement d’autre part. Mais dans les deux premiers cas, le mécanisme est organisé, stable ; dans le second cas, il y a une adaptation variable à une fin variable. Si donc il peut se rencontrer un raisonnement émotionnel — pur ce que je ne nie pas — il est court, à l’état d’enveloppement et consiste plutôt en un brusque groupement d’idées et en une construction imaginative.
Le raisonnement passionnel ne reste pas dans cet état, embryonnaire ; il s’affirme et se développe. Qu’il soit contraire à la raison, qu’il fausse le jugement et la volonté, qu’il soit nuisible dans la pratique : ce sont là des vérités banales, incontestables ; mais je n’ai à m’occuper que de son mécanisme subjectif, non de sa valeur objective. Pour cela, le mieux est de le voir à l’œuvre dans quelques passions. J’en choisis trois ; l’une dépressive, la timidité ; une autre expansive, l’amour ; une autre mixte, la jalousie.
I. — J’appelle la timidité une passion puisque, conformément à la définition précédente, elle est une émotion persistante et obsédante. Nous avons à considérer d’abord la disposition innée, c’est-à-dire le tempérament ou caractère du timide ; puis la série des jugements affectifs qui en sont issus ; enfin les résultats ou conclusions.
Je résume d’après deux auteurs contemporains les caractères principaux de la timidité[1]. Symptômes physi-
- ↑ Consulter sur ce sujet deux excellentes monographies : Dugas, La