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PRÉFACE

ment n’est qu’un chapitre, bref que la logique n’est qu’une partie détachée et spécialisée de la psychologie. Les logiciens purs ont protesté et cette affirmation a soulevé un débat qui dure encore. Comme il est assez indifférent pour notre sujet, je crois inutile de le résumer et d’y prendre part.

Mais qu’on accepte ou non cette thèse radicale, il est impossible de contester que les opérations qui sont la matière de la logique peuvent être traitées de deux manières différentes : comme faits naturels, quelle que soit leur valeur probante — c’est de la psychologie ; comme justiciables d’une science qui détermine les conditions de la preuve — c’est de la logique. Les deux ont leur tâche spéciale : l’une constate des phénomènes ; l’autre formule des règles ; l’une recherche comment nous pensons ordinairement, l’autre comment nous pensons correctement ; l’une procède in concreto, l’autre par schématisme. La logique va du simple au composé : concept, jugement ou liaison de concepts, raisonnement ou liaisons de jugements. La psychologie répudie comme théorique, artificielle et même fausse cette hiérarchie, si vénérable que soit son antiquité. Elle pose le jugement comme élément primitif, souvent réduit à un seul terme (l’attribut) et elle le suit dans ses transformations : elle ne sépare pas le concept de l’image, ni l’abstraction de l’atten-