la passion, comme en pathologie on distingue la forme aiguë de la forme chronique.
J’entends par émotion un choc brusque, souvent violent, intense, avec augmentation ou arrêt des mouvements la peur, la colère, le coup de foudre en amour, etc. En cela, je me conforme à l’étymologie du mot « émotion » qui signifie surtout mouvement (motus, Gemüthsbewegung, etc.).
J’entends par passion une émotion devenue fixe et ayant, de ce fait, subi une métamorphose. Son caractère propre est l’obsession permanente ou intermittente et le travail d’imagination qui s’ensuit. Ainsi la timidité est une passion issue de la peur ; l’ambition et l’avarice des passions issues du self-feeling.
Ceci posé, y a-t-il un raisonnement purement émotionnel ? l’opinion générale est pour la négative. On dit : la peur, l’amour, la colère ne raisonnent pas[1].
D’autre part, si l’on va plus avant, on peut soutenir. que toute émotion a sa logique instinctive, implicite « et qu’il est possible qu’elle soit une téléologie fixée par l’hérédité » (Tarde). Toutefois cette thèse pourrait bien être surtout une métaphore ; elle repose sur une analogie entre le mécanisme de l’instinct et de l’émotion
- ↑ Cependant la thèse contraire a été soutenue par Balmèś. « On dit que la colère ne raisonne pas. Erreur. La colère raisonne, car elle subjugue l’intelligence et la force à servir ses intérêts ; et les services qu’elle en reçoit, elle les fut rend à son tour avec usure. On sait quelle énergie les passions donnent à l’esprit et les ressources imprévues que l’esprit déplore sous leur direction. Que la colère tombe et l’échafaudage de raisonnements qu’elle avait élevé tombera de lui-même. Art d’arriver au vrai, cité par Queyrat : La logique chez l’enfant, p. 150 (Paris, F. Alcan). .