croyances, aux désirs et aversions. Sa position est subjective. Or, l’observation montre que la vie affective, livrée à elle seule, s’accommode très bien de la pluralité des tendances et même de leur anarchie : l’unité n’est pas essentielle à sa nature et ne pénètre en elle que par la prédominance d’une passion (amour, ambition, etc.), ou par une intrusion intellectuelle qui impose l’ordre. C’est un fait d’expérience que deux désirs ou croyances, réputés contradictoires, peuvent coexister dans le même homme sans qué l’un supprime l’autre. L’instinct offensif qui s’exprime par la colère, les actes violents et sanguinaires, a sa fin propre, comme le besoin esthétique a la sienne (cas de Malatesta). Le désir du salut dans une autre vie est un but ; le désir de jouir de la vie présente est un autre ; en tant que désirs, ils ne s’excluent pas. En un mot, la logique des sentiments ne cherche que des moyens de satisfaction et de succès, sans considérer si les voies qu’elle suit sont rationnellement contradictoires. Tous les besoins, aspirations, passions qui nous font agir sont des valeurs irréductibles les unes aux autres et qui ne sont contradictoires qu’autant qu’elles ont été rationalisées, c’est-à-dire élaborées par la réflexion.
On peut objecter que quelquefois deux fins inconciliables coexistent dont l’une doit annihiler l’autre, Sans doute toutefois ceci n’est pas une contradiction logique, formelle ; c’est une opposition de fait ; une lutte entre deux forces antagonistes. Si l’une est anéantie, c’est qu’elle poursuit une fin qui viole non le principe abstrait