l’esprit, cette transition d’un ou de plusieurs jugements à un dernier qui conclut. Que ce principe ou concept général soit une simple condensation de l’expérience ou principe régulateur de notre pensée ; qu’on lui attribue telle nature qui plaira ; qu’il soit explicite ou implicite, la déduction et l’induction le supposent. En est-il de même pour la logique des sentiments ? Cette question ne comporte pas une réponse unique. Il n’existe pas de raisonnement affectif en général ; il se produit sous plusieurs formes que nous essaierons de classer dans le prochain chapitre. Provisoirement, on peut le ramener à deux types principaux, selon que le point de départ est un désir ou une croyance.
Dans le premier cas, le raisonnement affectif poursuit la solution d’un problème ; il va à la découverte par des procédés qui lui sont propres. Son mécanisme est celui d’une induction à base chancelante et à démarche aventureuse, mue et guidée par le désir de découvrir ce que la logique rationnelle ne peut révéler. Exemples : les essais pour découvrir l’avenir par anticipation, la conjecture divinatoire. Nous l’étudierons ultérieurement sous le nom de raisonnement imaginatif.
Dans le deuxième cas, le raisonnement affectif a l’allure apparente d’une démonstration, C’est la forme la plus connue, la seule qui, sous le nom de « Justification », ait été étudiée par les rares auteurs qui ont touché à notre sujet. Il a pour base un postulat — croyance, opinion, préjugé —, c’est-à-dire un ensemble d’idées plus ou