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LA LOGIQUE DES SENTIMENTS

quente, la transforme en un jugement objectif qu’il généralise. Les évaluations ne sont souvent que le produit des qualités spéciales d’un peuple, d’un temps, d’un homme, d’une profession, et nous les tenons valables pour l’humanité tout entière. Aussi peut-on soutenir avec Stern (loc. cit.) que la plupart des dissensions entre les hommes viennent non, comme le disait Leibniz, de ce qu’ils ne s’entendent pas sur la signification des mots, mais des sentiments différents qu’ils y joignent.

III

Les rapports

Après le vocabulaire, la syntaxe, Les concepts-valeurs, pour constituer un raisonnement, doivent s’agencer en un certain ordre, déterminé par un principe immanent qui règle leurs rapports. Il faut, pour en comprendre le mécanisme, examiner d’abord le point de départ du raisonnement, puis suivre le processus discursif jusqu’à son terme final (conclusion), enfin montrer que la logique des sentiments diffère de l’autre en ce qu’elle est sous-traite au principe de contradiction.

Le raisonnement affectif a-t-il son point de départ dans quelque proposition générale ? En négligeant les cas assez rares de raisonnement du particulier au particulier, on sait que toute inférence rationnelle suppose un principe ou un concept général d’où part ce mouvement de