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LA LOGIQUE DES SENTIMENTS

qui est fait constaté ou lois extraites des faits, selon des procédés rationnels ; en d’autres termes, par le corps des sciences solidement organisées, en excluant toutefois les théories et hypothèses qui ne sont que des instruments d’ordre ou de découverte. Ce qui reste appartient ou peut appartenir à la logique des sentiments. On pourrait. l’appeler la sphère du variable.

« La sphère de l’évaluation, dit Kreibig, coïncide avec celle de la pratique ; la théorie des valeurs coïncide avec la philosophie pratique. » D’après Tarde : « La valeur, entendue dans le sens le plus large, embrasse la science sociale tout entière. Elle est une qualité que nous attribuons aux choses, comme la couleur ; mais qui, en réalité, comme la couleur, n’existe qu’en nous, d’une vie toute subjective. Elle consiste dans l’accord des jugements collectifs que nous portons sur l’aptitude des objets à être plus ou moins et, par un plus ou moins grand nombre de personnes, crus, désirés ou goûtés. Cette qualité est donc de l’espèce singulière de celles qui, paraissant propres à présenter des degrés nombreux, à monter ou à descendre cette échelle sans changer essentiellement de nature, méritent le nom de quantités.

« Cette quantité abstraite se divise en trois grandes catégories qui sont les notions originales et capitales de la vie en commun : la valeur-vérité, la valeur-utilité et la valeur-beauté[1]. »

Cette thèse nous paraît très admissible, si on l’entend

  1. Tarde, Psychologie économique, l.I, p. 63 (Paris, F. Alcan).