libre vital, qui est la cause des réactions élémentaires, qui sont la cause des formes et degrés divers d’évaluation. Comme, d’une part, il y a une grande ressemblance dans l’organisation de tous les hommes, les cas extrêmes exclus, il en résulte une grande ressemblance entre les hommes dans leur détermination des valeurs, c’est-à-dire dans leurs réactions morales, sociales, esthétiques, religieuses, etc. Comme, d’autre part, il y a des différences d’organisation entre les individus, il en résulte des variations individuelles dans l’estimation des valeurs. — Avec cette hypothèse, on revient par une autre route à la conclusion que le développement historique de la faculté d’inférence nous avait suggérée : la logique des sentiments est une logique vitale ; ce sont les conditions de la vie qui l’ont créée et qui la maintiennent, malgré la concurrence de sa redoutable rivale — la logique rationnelle.
Pour rester strictement dans notre sujet qui n’est pas une théorie des valeurs, je néglige diverses discussions sur leur nature, d’autant plus qu’elles ne paraissent un peu oiseuses et scolastiques[1]. Il y en a une pourtant qui mérite d’être précisée : la valeur est-elle objective ou subjective ? Sur ce point les auteurs sont divisés. La question est ambiguë ou du moins complexe. Certains
- ↑ Ainsi on a discuté si, dans le jugement de valeur, le jugements est primitif et le sentiment secondaire, ou inversement. Les Intellectualistes, notamment Meinong, soutiennent que c’est le jugement qui constitue la valeur : elle est un sentiment de plaisir, mais ce plaisir n’est reconnu comme tel que par un jugement qui par suite est la condition nécessaire d’existence de la valeur, Pour leurs adversaires, le concept de valeur est défini par le sentiment, le jugement ne fait qu’exprimer la valeur, mais ne la constitue pas.