Page:Ribot - La logique des sentiments, Félix Alcan, 1905.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS

diverses ; bref, après beaucoup de résultats atteints par les procédés rationnels, les logiciens sont venus qui ont analysé, débrouillé les inférences correctes et ont composé, après réflexion, des traités à prétentions régulatrices. Quoique la logique rationnelle soit totalement exclue de notre étude, il est instructif de rappeler l’ordre qu’elle a suivi dans son développement naturel. Elle n’a admis d’abord que les formes les plus abstraites et les plus rigoureuses du raisonnement (Aristote). Le culte de la logique formelle, comme type de la perfection, a été la règle dans l’antiquité et au moyen âge. L’induction a été surtout l’œuvre des modernes. Actuellement l’invasion de la psychologie dans les ouvrages de logique, « le psychologisme », comme l’appellent les purs logiciens qui protestent[1], est un pas de plus vers la réalité et la vie. On a pu dire avec raison « que si la logique moderne a ajouté quelque chose à l’ancienne, c’est en refusant de traiter la validité de la pensée comme une chose qu’on peut étudier et formuler en dehors des faits actuels de l’expérience », que sa tendance est de placer le critérium de validité dans les limites de la pratique. Le type de la vérité est ce qui peut être vérifié par l’expérience ; l’erreur, ce qui échoue dans l’action.

Tout ce qui précède peut se résumer ainsi : marche continue de l’abstrait au concret, du formel au réel, du

  1. Voir notamment Palagyi, Der Streit der Psychologisten und Formalisten in der modernen Logik, Leipzig, 1001 ; Husserl, Logische Untersuchungen, Halle, 1900,