deviendront plus tard des outils), sa conclusion sur l’existence d’un « double » résultant de ses conjectures sur les rêves, l’évanouissement, les maladies, etc. ; ses inductions sur les rites à observer, sur les actes propitiatoires envers les êtres surnaturels, surtout méchants. Dans tous ces cas — et l’énumération est loin d’être complète — il imagine, il invente, mais non librement : le travail imaginatif n’est pas une pure fantaisie, il est conditionné par le but. La série des perceptions et des images qui composent la construction de son arc, de son filet d’écorce ou de ses rites, sont pour l’homme non civilisé les moyens termes de ce raisonnement concret, en actes, dont le dernier terme est le succès ou l’échec.
Maintenant, remarquons l’inévitable conséquence de ces raisonnements concrets sans cesse répétés. C’est qu’il s’est établi à la longue une distinction très importante entre deux catégories de cas :
Ceux où la conjecture, l’attente, le raisonnement sont toujours ou le plus souvent justifiés par l’expérience ;
Ceux où le résultat contraire survient toujours, ou le plus souvent.
Il s’établit ainsi une distinction entre les cas certains et les cas incertains, Durant cette période de l’évolution logique, l’expérience est le seul moyen de contrôle, le critérium. Grâce à elle une différenciation se dessine : le raisonnement objectif, conforme à la nature des choses, probant, rationnel, tend à former un petit domaine dans