La nature affective de l’homme n’est-elle pas la cause la plus fréquente de l’illogisme ? Évidemment, ces deux formes que nous opposerons sans cesse l’une à l’autre — logique affective, logique rationnelle — doivent être très différentes. Pour les réunir légitimement sous une dénomination commune, il faut donc qu’elles aient un fond commun c’est le raisonnement, c’est-à-dire la matière propre de toute logique. Son mécanisme varie beaucoup de l’une à l’autre, comme nous le verrons dans la suite de ce chapitre ; mais dans les deux cas, il conserve sa marque propre, la seule qui importe au psychologue, c’est d’être une opération médiate qui a pour terme une conclusion.
Il est inutile de transcrire ici les nombreuses définitions du raisonnement qu’on trouve dans les traités de logique beaucoup ont une forme purement intellectualiste, par suite non adaptée à notre but. De toutes ces variantes, il se dégage un caractère général : c’est que le raisonnement est une anticipation, un essai, une conjecture, une marche du connu à l’inconnu. Si cette formule paraît incomplète ou trop vague, on peut adopter la définition de Boole qui est précise : « Le raisonnement est l’élimination du moyen terme dans un système qui a trois termes ». On verra dans la suite que cette formule est rigoureusement applicable au raisonnement affectif.
Une longue civilisation a habitué les esprits même peu instruits, encore plus ceux qui ont été formés par la dis-