La forme définitive est atteinte lorsque le développement du langage fait passer de la période des racines à la division en sujet et en prédicat. Alors là formation des idées générales concrètes devient possible par affirmation de ressemblances et de différences.
Enfin beaucoup de jugements sont plus qu’une simple affirmation. Ils renferment un germe d’inférence et sont comme la conclusion d’un raisonnement ou d’une opération compliquée qui lui ressemble. Les jugements qualifiés d’intuitifs sont ceux où cet élément d’inférence est à son minimum.) Soit un fait aussi simple que celui-ci : Un enfant a été brûlé par un aliment qui fume ; il se défie de la fumée. Il y a là plus qu’une constatation ou une association par contiguïté qui serait la perception actuelle évoquant la douleur passée et rien en sus. Il y a l’attente, la conjecture, la croyance et même l’affirmation d’une douleur future, c’est-à-dire une anticipation de l’expérience, une induction rudiuentaire.
Psychologiquement et en dehors du formalisme explicite des logiciens, la transition est donc insensible du jugement au raisonnement. (Pour plus de détails, consulter J. Sully, The human Mind, t. I, p. 457 et suiv.)
Cette forme embryonnaire se rencontre dans plusieurs cas, notamment dans les perceptions : je les néglige pour éviter toute confusion. Il s’agit uniquement d’être fixé sur la nature de la liaison établie entre une sensation et un sentiment (accueil froid, chaude amitié) ou doux sentiments (exemples donnés plus haut). Or, l’alternative — association, jugement — paraît bien plutôt tranchée en faveur du jugement qui seul est une explication complète. Sans doute, c’est un jugement très primitif, l’affirmation d’une vague ressemblance. Mais pour la psychologie, affirmer par un acte ou par des mots, tel est le caractère essentiel et permanent du jugement à travers ses transformations du simple au complexe. Ceux qui réduisent le