Ainsi se forment des couples contrastants, tels que : grand-petit, lourd-léger, blanc-noir, haut-bas, dessus-dessous, épais-mince, fort-faible, jeune-vieux, riche-pauvre, vrai-faux, vie-mort, etc. On a allégué que « l’on peut sans peine retrouver l’origine de cet accouplement dans l’habitude, dans l’éducation ; que quand nous étions enfants on nous a toujours présenté simultanément les mots et les choses contradictoires et que cette opposition perpétuelle a créé entre les choses opposées des rapports de contiguïté ». Cette remarque est incontestable, mais à elle seule elle n’explique rien. Elle constate une habitude contractée ; elle reste muette sur son origine.
Dans l’hypothèse que je propose, la pensée par contraste résulterait donc des doux actes distincts : l’un créateur, la différenciation ou discrimination ; l’autre consolidateur, la soudure de deux termes, dérivée d’un rapport direct entre eux, affermie par répétition et qui ressemble ainsi à une association par contiguïté. Dès lors une conciliation partielle serait possible entre les deux thèses adverses, colle qui réduit à la ressemblance et celle qui préfère la contiguïté ; mais à la condition de les additionner et sous réserve de l’acte primitif de différenciation.
2o Le contraste affectif est d’une autre nature et plus simple. Il faut chercher son origine non dans les opérations intellectuelles, mais plus bas, dans les variations physiologiques de l’organisme. « C’est le propre de la vie affective de se mouvoir au sein des contraires : elle est