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L’ASSOCIATION DES ÉTATS AFFECTIFS

d’autres, ont presque tous ce caractère que la liaison se fait par opposition, antagonisme, contraste. Cette liaison entre des contraires mérite un examen à double titre : parce qu’on n’est pas d’accord sur sa nature ; parce que si on l’accepte comme une forme d’association, il faut avec certains auteurs (Fouillée, Höffding, Sully) lui assigner le premier rang dans la vie affective où elle est plus fréquente que partout ailleurs.

Le contraste n’est pas une loi primaire d’association : ce point est admis à l’unanimité. Il faut donc le réduire à l’une des deux autres. À laquelle ? Ici les psychologues contemporains sont divisés. Les uns le ramènent à la ressemblance (James, Wundt, etc.). Les autres à la contiguïté (Bain, Sully). Enfin, on peut prendre un parti plus radical : se demander s’il existe réellement une association par contraste et la nier[1]. Évidemment, il ne s’agit pas de rechercher si la suggestion se fait de contraire à contraire ce que l’expérience démontre surabondamment, mais si cette relation d’antagonisme est réductible au mécanisme de l’association ou s’il exige une autre, explication. Puisque la question est ouverte et importante pour notre sujet, qu’il me soit permis de la traiter à mon point de vue.

J’établis d’abord deux classes distinctes qu’un amour

  1. C’est l’opinion soutenue par Claparède dans son récent livre sur L’association des Idées ; Paris, 1903, p. 63, 71. On y trouvera aussi une bonne critique des essais de réduction à la ressemblance ou à la contiguïté.