S’il s’agit d’une liaison entre un état intellectuel et une émotion, l’affirmation n’est pas douteuse. La vue ou la simple représentation d’un lieu peut réveiller les joies ou les chagrins qu’on y a ressentis. Rien de plus fréquent qu’un pareil événement ; les romanciers et les poètes l’ont maintes fois décrit,
Mais s’il s’agit d’une association directe entre deux états affectifs, la question devient plus compliquée, Sans doute, voici des faits qu’on peut alléguer le chien qui savoure un morceau de viande, mais s’abstient par pour du fouet ; l’enfant qui convoite le fruit défendu, mais redoute la punition déjà subie ; le mari qui en rêvant aux plaisirs de l’adultère se représente l’entrée de sa femme et la scène inévitable ; le voyageur qui chemine joyeux sur une route déserte et pense brusquement à une agression possible. Les cas de cette espèce semblent réductibles à la loi de contiguïté et on ne peut soutenir que l’association se fait directement et seulement entre une représentation et une autre, entre deux états intellectuels tout secs ; le sentiment joint aux deux termes fait partie intégrante du changement brusque. La différence c’est que la contiguïté intellectuelle (comme celle d’une série de mots qu’on récite par cœur) est simple et aurait pour formules A — B — C, tandis que la forme affective est plus complexe AS — BS1 — CS2 ; en désignant par S, S1, S2, l’émotion concomitante.
Mais une observation bien plus importante est celle-ci : les cas énumérés, auxquels on en pourrait ajouter une foule