logique inconsciente (voir ci-après, chap. iii, § 2) ? Dans cette hypothèse le passage d’un état affectif à un autre se ferait non par association, mais par une variation d’intensité croissante ou décroissante, ou bien par une modification du contenu, des éléments intellectuels du sentiment : ainsi ceux qui sont inclus dans la colère (assez faibles d’ailleurs) ne sont pas identiques à ceux qui constituent le désir de la vengeance.
On a critiqué à bon droit la tendance trop fréquente à traiter les idées comme des choses fixes, stables, restant les mêmes, qu’elles soient isolées ou enchaînées en séries comme feraient des pierres précieuses tour à tour éparses et assorties en collier. On oublie les modifications réciproques qui résultent de leur coexistence dans la conscience, qui naissent de leurs rapports. Cet élément de relativité, ce tertium quid, nullement négligeable pour les états intellectuels, importe beaucoup plus encore pour les sentiments qui sont sans contours nets, sans limites circonscrites. Le passage de l’un à l’autre se fait par nuances ou dissolution progressive plutôt que par liaison entre des termes. Il faut reconnaître qu’à mesure qu’on se rapproche de l’affectivité pure, il devient plus difficile de constater les caractères formes, indiscutables d’une association.
III
L’association par contiguïté, loi simple, élémentaire, expression directe d’un mécanisme psycho-physiologique, est-elle applicable aux états affectifs ?