moral ; mais on ne se soustrait pas impunément à sa maîtrise.
Une position plus conforme à la nature des choses est celle-ci : se demander si avec le progrès supposé de la culture et de la discipline scientifiques, la logique affective doit s’atrophier ou disparaître ? Quoi qu’en disent beaucoup d’intellectualistes, je ne vois aucune raison pour l’affirmative.
Jugée par les logiciens purs, la logique des sentiments est condamnée sans hésitation et sans appel.
Jugée par les psychologues, elle a droit à l’existence pour des raisons individuelles et générales.
Il y a des esprits qui réclament la vérité avant tout, mais qui la veulent bien établie, démontrée, qui ont l’obsession de l’exactitude et des procédés rigoureux. Il y en a d’autres, fuyants, imprécis, qui se complaisent dans le vague par excès de sentiment ou d’imagination, par paresse intellectuelle, par impuissance de réflexion, par défaut de patience dans la recherche. Pour eux la logique affective est suffisante et préférable : ils l’inventeraient si elle n’existait depuis des siècles.
Une raison plus profonde qui assure sa perpétuité, c’est qu’elle est l’œuvre spontanée de notre nature non-intellectuelle. L’homme sent surgir en lui des besoins, des désirs, des problèmes auxquels la raison pure n’apporte ni satisfaction, ni réponse, ni remède le sentiment et l’imagination prennent sa place. L’attitude sceptique qui limite la connaissance et se résigne à beaucoup ignorer ;