logique affective, bien plus matérielle et égoïste, malgré les apparences, ne s’affranchit pas des nécessités humaines. Les deux logiques sont donc l’une et l’autre un instrument de nos besoins, avec cette différence que l’une perd quelquefois son caractère pratique et que l’autre le conserve toujours.
Par hostilité contre l’esprit scientifique, on s’est plu à soutenir que la recherche et la possession de la vérité n’ont pas une valeur absolue, en alléguant cette raison qu’elles sont le résultat d’une préférence, qu’on les choisit parce que cela plaît. Assurément ; puisqu’il y a des gens qui font peu de cas de la vérité ou la dédaignent et aiment mieux garder leurs illusions. Ceci est simplement une preuve du rôle primordial de la vie affective dans toutes les manifestations de l’esprit, thèse que j’ai soutenue ailleurs sans restriction et que je ne suis pas disposé à contester. Mais préférer la vérité n’est pas la constituer Elle est ce qu’elle est, indépendante de nos préférences et de nos répudiations.
Si prenant cette prétention pour ce qu’elle vaut, on l’applique à notre sujet, on voit qu’elle est chez beaucoup de croyants (quelle que soit la matière de leur foi) un moyen pour proclamer la supériorité de la « logique du cœur », Position fausse et désavantageuse, car la connaissance qui est la servante de la vie ne vaut que par son objectivité. Sans doute la « vérité vraie » ne s’impose pas sous la forme inéluctable de la gravitation dans le monde physique, de l’instinct ou de l’idée fixe dans le monde