que par des actes, peuvent être modifiés par la réflexion ; dès que les instincts sont devenus une énergie disponible, une force vive qui peut être adaptée de plusieurs manières ; alors se produit le travail de leur rationalisation dont la logique affective est un cas, non le moindre.
Prenons comme exemple un besoin universel et très élémentaire : la faim, instinct brutal, violent, qui chez les êtres inférieurs s’attaque à tout par une impulsion irrésistible : celle du boa avalant une proie aussi grosse que lui et qu’il a peine à digérer. Rationalisée, c’est-à-dire soumise au contrôle de l’expérience et de la réflexion, la faim se satisfait à des heures régulières, réclame le choix et la préparation des aliments, s’astreint même à un régime, accepte des règles d’hygiène variables suivant les individus et la mode régnante : elle prend une tournure civilisée. Voilà un cas très simple d’un instinct pétri et façonné par des influences étrangères.
Tous les autres ont subi ou peuvent subir la même transformation, Le désir ardent de justifier une passion ou une croyance, d’être consolé,’soutenu ; de deviner un avenir proche ou lointain, terrestre ou supra-terrestre ; d’entraîner, de convertir, d’imposer une opinion : tous ces besoins de conservation ou d’extension, individuelle et sociale, n’est-ce pas la matière de la logique des sentiments, et les procédés qu’elle emploie sont-ils autre chose qu’un effort de notre nature affective pour s’appuyer sur des apparences de preuves et d’arguments rationnels ?