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LA LOGIQUE DES SENTIMENTS

de nos semblables ; qu’alors le doute s’éveille et que le douteur demande un soutien à la logique rationnelle s’il préfère la vérité à tout, ou à la logique affective s’il préfère sa croyance à tout et ne cherche qu’à la justifier, en sorte que « les arguments ne sont pas ce qu’ils sont, mais sont ce que je suis » (Payot, ouv. cité, 203).

Emprunté au langage courant, le mot croyance a le désavantage de s’appliquer à des phénomènes fort différents quoiqu’ils aient tous ce caractère commun d’être, à tort ou à raison, l’affirmation d’une réalité. Tout est ou peut être objet de croyance. Cependant on peut faire deux parts : 1o la croyance intellectuelle (perceptions, axiomes, vérités scientifiques établies par l’observation, l’expérience ou le calcul). Elle est subie par le sujet, et des deux facteurs qui concourent à l’acte de connaissance, c’est l’objectif qui prédomine. 2o Tous les autres cas, où la croyance est créée par le sujet sous forme d’évaluation le facteur subjectif est le principal. Cette masse de croyances hétérogènes, plusieurs fois énumérées au cours de cet ouvrage — il faut y ajouter celle des fous,  — constitue le groupe non intellectuel qui seul use de la logique affective ; mais leur association n’est pas une règle invariable : parfois la croyance est étrangère à la logique, parfois la logique n’est pas au service de la croyance. Signalons ces exceptions.

1o Tandis que la croyance rationnelle est déterminée et produite par le raisonnement, la croyance non rationnelle détermine et produit le raisonnement. Aussi, quant