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CONCLUSION

de l’induction. C’est un point discutable si le logicien a qualité ou non pour traiter ce sujet ; mais s’il le fait il doit y consacrer un chapitre à part, parce que cette étude est extra-logique. »

Parmi ces tendances fallacieuses, Bain énumère l’attrait de l’agréable, l’aversion du désagréable, la sympathie et l’antipathie, l’intérêt personnel, la peur, la colère, l’amour, l’amitié, le patriotisme, l’esprit de secte, l’admiration, la vanité individuelle ou nationale, l’attraction de la nouveauté et du merveilleux, l’influence du sentiment esthétique sur les doctrines philosophiques et les théories scientifiques (la foi aveugle dans un plan de la nature, les orbites des planètes doivent être circulaires parce que le cercle est une figure parfaite, le besoin de l’unité absolue), etc. Quoi qu’on pense de cette énumération un peu confuse et mal ordonnée, il est clair qu’elle correspond en grande partie à la matière première de notre logique des sentiments : et c’est justement ce groupe de faits psychiques avec leurs conséquences qu’il refuse avec raison de classer parmi les sophismes.

D’autres auteurs assez nombreux distinguent les sophismes de l’esprit et les sophismes du cœur. Cette distinction est bonne comme fait : mais elle a le défaut de transférer un terme propre à la logique rationnelle, créé pour elle et fixé par elle, à une autre forme de logique où, quoiqu’il s’applique à des opérations d’une autre nature, il conserve fatalement son sens péjoratif.