Page:Ribot - La logique des sentiments, Félix Alcan, 1905.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
L’ASSOCIATION DES ÉTATS AFFECTIFS

Ceci admis, voyons en quelle mesure l’association par ressemblance s’applique aux états affectifs.

1o Il y a la forme fruste, incomplète, désignée quelquefois sous le nom d’« association des sensations analogues ». Elle consiste en ce que les sensations douées d’un ton affectif semblable s’associent facilement. Rien de plus différent par nature que nos sensations externes et les qualités qu’elles nous font connaître. Les données de la vue et de l’ouïe ne se, ressemblent aucunement, en tant que connaissance du monde extérieur ; cependant nous parlons de voix sombres, de voix claires, de couleurs criarde, de musique colorée. Nous associons la vue aux sensations thermiques : couleurs froides, couleurs chaudes. Le goût a son influence ; reproches amers, critique aigre-douce. Enfin le toucher est peut-être la source la plus abondante des associations entre la représentation d’une sensation physique et un état émotionnel : touchant, dur, tendre, pesant, ferme, solide, âpre, pénétrant, poignant, piquant, etc. Les langues expriment ces liaisons qui s’établissent spontanément, sans réflexion, par une assimilation demi-consciente qui semble sentie plutôt que connue. L’association est affective puisqu’elle se fait en dépit de la différence foncière entre les perceptions et représentations. Mais est-ce une association vraie ? Quoiqu’on l’admette couramment, une autre hypothèse est possible : nous y reviendrons plus loin.

    partielles, ce qui le distingue du souvenir, qui est un semblable répété et reconnu comme tel.