sont étrangères à notre étude ; elles n’ont pas le caractère spécifique que nous cherchons. C’est une forme de littérature, bonne on mauvaise, où l’émotion tient une large place, mais ne constitue pas la trame qui semble faite plutôt d’éléments visuels.
Faut-il donc renoncer absolument à découvrir chez les mystiques cette imagination affective que je cherche à mettre en lumière ? Je ne le crois pas ; mais elle ne se rencontre que sous une seule forme je l’appelle par concision un roman d’amour, ou plus explicitement un rêve idéaliste d’une nature entièrement sentimentale. Bien que cette création mystique ne soit pas l’œuvre exclusive des femmes, elles y ont eu la plus grande part. C’est une déviation, transformation et transfiguration de l’amour qui diffère notablement de l’une à l’autre ; mais parmi les variations individuelles, il y a assez de ressemblances pour qu’on puisse en essayer une esquisse d’après un seul modèle.
D’abord, comme condition première, une disposition naturelle, innée à la tendresse — ce que les anciens psychologues nomment l’amour au sens indéterminé, — mouvement d’attraction vers les personnes ou les choses qui ne se différencie et n’est spécifié que par son objet. Chez beaucoup, cette disposition sentimentale, dès l’enfance, s’oriente d’emblée vers le divin et, de ce fait, est comme polarisée toute autre manifestation de l’émotion tendre est tarie ou n’existe qu’en participant à l’amour divin.