Il faut donc chercher beaucoup plus bas, au début de cette évaporation graduelle qui peu à peu dissout et volatilise les images. Toute création suppose deux conditions nécessaires, La première est un principe d’unité — idée ou émotion qui agit comme centre d’attraction et sert de noyau au travail d’organisation : elle ne fait pas défaut au mystique ; elle est plutôt dominante. La seconde est la possession actuelle d’une quantité suffisante de matériaux pour permettre des combinaisons nouvelles ; celle-ci est précaire et va toujours en s’atténuant.
Ainsi s’explique ce fait qu’il y a, chez la plupart des mystiques, exaltation de la mémoire plutôt qu’imagination proprement dite et que souvent ils ne dépassent pas le stade de la simple reproduction. L’imagination, au sens le plus large du mot, c’est-à-dire la reviviscence spontanée ou provoquée des images peut irradier dans trois directions : sensorielle, organique, purement psychique.
1o Hallucinations visuelles ou auditives : les apparitions supra-terrestres, les voix révélatrices, etc.
2o Modifications de la vie organique qui détruisent,
et abîmé en cet abîme surineffable, très simple et indéterminable et aussi en cette obscurité insondable et inaccessible ; et afin de comprendre tout ensemble, il est anéanti et perdu ; mais il vit en Dieu et étant avec lui seul, pur et libre de toute propriété, mélange et affection, il est fait une chose, une félicité, car il ne reçoit et n’admet autre chose. Parce qu’il a passé en la simplicité déiforme, l’influence de Dieu le tirant intérieurement et le contact le surélevant, aliène l’âme de soi et la transporte comme dans un être nouveau ; non pas qu’en tout ceci, la nature ou l’existence de la créature soit changée ou cesse d’être, mais parce que la façon est exaltée et la qualité déifiée. (Denis le Chartreux, De la vie solitaire, liv. II, chap. x.)