comme signes mais comme sons ; ils sont des notations musicales au gré d’une psychologie passionnelle » ; la poésie devient une forme particulière de la musique[1].
Le vers libre sans rime, sans nombre fixe de syllabes, de forme indéterminée en elle-même, mais souple, malléable, se prêtant à toutes les combinaisons possibles de système et d’harmonie » est donné comme l’équivalent du système wagnérien de la mélodie infinie. Enfin quelques-uns parlent avec intrépidité d’harmonie (au sens musical), de polyphonie et d’orchestration : simples métaphores ou pur enfantillage.
Un autre procédé consiste à employer les mots usuels, en changeant leur acception ordinaire, ou bien à les associer de telle sorte qu’ils perdent leur sens précis ; qu’ils se présentent effacés, mystérieux : ce sont à les mots écrits en profondeur ».
Un autre encore est l’emploi de mots tombés en désuétude. Les termes usuels conservent, malgré tout, quelque chose de leur sens traditionnel, des associations et des sentiments condensés en eux par une longue habitude : les mots oubliés depuis quatre ou cinq siècles échappent à cette nécessité ; c’est une monnaie sans titre fixe.
- ↑ Cette tentative avait été hasardée par les poètes alexandrins. L’un de leurs historiens dit de Callimaque : « Une traduction ne peut donner qu’une idée très imparfaite de l’effet produit par ces mots sonores, qui par eux-mêmes n’offrent pas un grand sens. L’idée entre dans notre imagination, s’y imprime aussi bien par le son des mots que par leur sens. Certains accords, dans la poésie comme dans le musique, évoquent certaines images ; l’esprit est le complice de l’oreille, » Couat, La poésie alexandrine, p. 280. À noter aussi chez ces poètes grecs le goût pour l’obscurité, la tendance à l’ésotérisme, etc.