qui se confond avec les heures du jour et de la nuit, perpétuellement renouvelée, intarissable et diverse comme l’onde et le feu, prodigue comme la terre puissante, profonde et voluptueuse comme le mystère. » — En somme, dans le spectacle que le monde lui présente, le symboliste élimine autant que possible ce qui peut être connu, déterminé et localisé dans le temps et l’espace ; il choisit tout ce qui peut être senti, les impulsions, tendances, désirs, les modifications affectives de toute espèce qu’il groupe sous les dénominations vagues de « force » et de « vie ». Il faut bien reconnaître que sous une forme très raffinée, c’est la conception animiste des primitifs, peuplant l’univers d’entités vivantes et agissantes, qui ressuscite.
Quoi qu’il en soit, par ce procédé demi-naturel, demi-artificiel, traitant les phénomènes comme des symboles, « simples représentations du mystère », la transmutation est accomplie ; la matière que la perception fournit, presque totalement dépouillée de ses formes, est devenue affective ; l’élément sensoriel s’évanouit ; les choses sont remplacées par l’émotion des choses.
À ce moment, l’état mental du symboliste est formé de deux couches. L’une profonde, de nature émotionnelle, faite de tendances et dispositions qu’il groupe volontiers sous le nom d’inconscient terme d’autant plus commode que c’est un x dont nul ne connaît la nature intime.
L’autre, plus proche de l’extériorité, de nature intellectuelle, est faite d’images vagues, évanescentes et d’associations fuyantes analogues à celles de la rêverie et du