de Roméo et Juliette, etc. On pourrait citer en abondance des faits analogues. Parfois, il semble que la signification intellectuelle émerge de l’œuvre et ne s’en dégage qu’après qu’elle est faite. Ainsi Berlioz raconte que s’ennuyant dans une soirée, il composa un andantino pour orgue. « Il lui sembla y voir l’expression d’un sentiment mystique et naïvement pastoral. L’idée me vient d’y adapter des paroles de même nature et ce morceau devient un chœur des bergers de Bethléem. » Mais ne peut-on pas supposer qu’une conception subconsciente, enveloppée, le guidait à son insu dans ce cas ?
En résumé, c’est l’impossibilité d’atteindre l’individuel qui donne à la forme d’imagination ci-dessus étudiée son caractère propre. Sa manière de créer des êtres individuels ne peut ressembler à aucune autre, puisqu’elle est incapable de les figurer par des lignes et des couleurs ou de les décrite par des mots. Elle ne peut produire que des extraits de personnages, des caractères réduits à leurs marques émotionnelles.
V
Telle est la seule forme complète de l’invention affective pure ; mais, en cherchant bien, il se rencontre d’autres formes — incomplètes, partielles ou mixtes, c’est-à-dire adultérées par un mélange à doses variables d’éléments intellectuels. Avant d’en parler, rappelons encore une fois le but précis de notre étude : prouver par