cier, du poète, du sculpteur, du peintre, précisément parce que le monde des sons est en dehors de l’individuel au sens strict. Elle tourne la difficulté : elle crée, groupe et fait agir des êtres sonores — les voix et surtout les instruments — inégaux en importance, placés sur des plans différents, mais qui chacun ont leur vie et expriment un état d’âme. Ce mode de création a deux formes : l’une dépendante, l’autre libre.
1o La forme dépendante est adaptée à une œuvre dramatique où, le plus souvent, personnages et caractères sont à peine esquissés. Au musicien incombe la tache de les faire vivre. On sait que pendant longtemps, il n’en eut aucun souci, les vers étant un simple prétexte à une architecture de sons et à la virtuosité. Il était admis qu’à une musique donnée on pouvait adapter deux textes contraires. C’est l’époque des « athées de l’expression », suivant le mot de Berlioz : elle est totalement hors de notre sujet. — Puis, en vertu de principe opposé (un peu exagéré) a qu’une idée ne se traduit pas par des sons ni une émotion par des mots », l’accord se fait entre les deux éléments et le vrai musicien dramatique est celui qui a le don de trouver l’expression musicale d’un sentiment. Mais ce n’est pas assez de traduire la parole en une autre langue, de restituer au langage parlé la valeur émotionnelle qu’elle a peut-être possédée jadis ; l’invention affective va plus loin et commence à dessiner des caractères par la création des « motifs caractéristiques ». Ils ont apparu assez tôt chez Mozart, Beethoven,