majeures et mineures, assigne « une teinte particulière » une nuance particulière d’émotion[1]. Même en admettant tout cela et plus encore, il reste incontestable que la musique seule ne peut exprimer l’individuel. J’ajouterai, pour être franc, que ces deux termes « général », « individuel », quoiqu’on les ait souvent employés, me paraissent ici inacceptables et dénués de sens. Ils appartiennent à la psychologie intellectuelle et ne peuvent être transposés dans la psychologie des sentiments en gardant leur acception précise. La musique, comme langue de l’affectif pur, est l’expression immédiate et adéquate de l’émotion que la poésie, elle, ne transmet pas directement dans l’âme de l’auditeur, mais ne peut que suggérer à l’aide des mots » (Wagner). Le seul fait si souvent remarqué qu’elle exprime quelquefois ce qu’aucune phrase parlée ne saurait dire, montre qu’ici nous sommes dans un autre monde où règne l’intensif, non l’extensif (le général et le particulier). Ceci a son importance pour ce qui va suivre.
En effet, l’imagination affective, en pleine possession de ses moyens d’expression, ici comme ailleurs, crée des personnages et développe des caractères ; mais elle ne peut procéder à là manière de l’auteur dramatique, du roman-
- ↑ Ainsi sol mineur est très sombre ; si mineur, sauvage ; la mineur, naïf et rustique ; fa mineur, morose ; la ♭ mineur, lugubre, angoissé ; sol majeur, champêtre, etc. Schubert, qui sur ce point a eu toutes les audaces, voyait en mi mineur une jeune fille à robe blanche ; en ré mineur, spleen et vapeurs ; en si ♭ mineur, idée de suicide, etc. Le mi ♭ majeur qui, pour Grétry. « Indique une catastrophe future », était pour Schubert l’expression de la Trinité. On trouvera dans les livres des musicographes diverses déterminations et classifications de ce genre.