devenue pendant quelque temps un simple métier à contextures harmoniques, à raffinements et à curiosités techniques ; mais elle était devenue un instrument assez souple, pour servir à la grande invention qui a suivi.
Ces conditions étant remplies, les unes intérieures, psychologiques ; les autres, extérieures, techniques, le problème à résoudre pour l’imagination affective était le suivant : Donner à ce qui, par nature, est vague et fuyant une précision et une stabilité relatives.
Un fait positif (quoiqu’on l’ait quelquefois contesté), c’est que l’expression d’un sentiment déterminé est hors du pouvoir de la musique ; parce qu’un sentiment n’est déterminé que par un état intellectuel qui lui est joint. Hanslick, dont la psychologie est, sur ce point, irréprochable, dit avec raison : « L’amour ne se conçoit pas sans l’idée d’une personne, de son bonheur, de sa possession ; l’espérance est un sentiment inséparable de l’idée d’un futur plus heureux que le présent, etc. En un mot, tout sentiment précis dépend d’idées concrètes qui restent inaccessibles à l’art musical. Celui-ci ne peut exprimer le contenu des sentiments mais seulement leur côté dynamique, c’est-à-dire des variations de force et de mouvement (accroissement, diminution, vitesse, lenteur). »
Malgré tout, il y a des musiciens qui n’ont pas craint de soutenir la thèse contraire ; quelques-uns même sont entrés résolument dans l’extravagance. Les plus raisonnables soutiennent que chaque sentiment aurait son ton approprié. J’en trouve un qui, aux trente gammes