rielle et technique empêche l’essor de l’imagination affective.
Passons d’un bond de l’enfance à l’âge adulte, à la période moderne où elle va trouver sa voie et ses procédés complets d’expression.
D’une part, le développement intellectuel a entraîné par contre-coup le développement émotionnel qui est sous sa dépendance ; car la source des idées est bien plus abondante que celle des sentiments, d’où son rôle dominateur : l’une est partout, dans l’homme et dans la nature ; l’autre est confinée en l’homme. Sous l’influence des causes multiples qu’on nomme la civilisation, les émotions primitives se sont différenciées suivant la nature de leurs divers objets : elles s’affinent en nuances, elles se transforment et par deux procédés contraires tantôt se subtilisent à l’infini, tantôt s’agrègent en formes complexes. Dès lors l’imagination affective possède sa matière.
D’autre part, il y a le développement de la technique. La musique, a-t-ou dit, est le seul art qui n’imite pas la nature. « C’est une création humaine, une chose devenue » (Hanslick). Il lui a fallu d’abord constituer sa langue : elle a pour base la gamme qui n’est pas donnée naturellement mais résulte d’un choix, puisque dans une suite indéterminée d’intervalles, les uns ont été préférés, les autres exclus[1]. La langue créée, plus tard émancipée, est
- ↑ On sait que les Orientaux ont procédé autrement que nous et notamment qu’ils emploient des quarts de ton.