prendre place immédiatement au-dessus des formes supérieures du jeu chez les animaux.
Après cette commémoration d’une forme éteinte, revenons à la musique qui a eu une destinée contraire.
Les caractères de la musique primitive ont été maintes fois énumérés : elle est surtout vocale ; comprend très peu de notes, trois ou quatre au plus ; le rythme est très important et rigoureusement réglé ; les instruments sont rares et servent avant tout à marquer la mesure (tambour et autres instruments à percussion). Le développement musical est souvent inégal pour des races et des individus de même culture. De tout temps, en effet, quelques-uns seuls ont pu créer. Actuellement encore des paysans incultes inventent parfois de charmantes mélodies et les chants populaires, fort recherchés par les compositeurs contemporains, sont l’œuvre anonyme de gens bien doués. Mais le don naturel n’est pas assez, il lui faut le moyen de s’exprimer. À la vérité, un très pauvre matériel musical suffit le plus souvent au primitif pour produire ses sentiments. C’est l’équivalent de la langue parlée faite de termes peu nombreux, juxtaposés plutôt que liés, qui indiquent la pensée plus qu’ils ne l’analysent, sans précision et sans nuances. Cela équivaut encore pour la littérature aux mythes enfantins, pour la création plastique, aux dessins et sculptures de cannibales. Dans le cas particulier de la musique, par l’effet d’une réciprocité d’action bien connue, la débilité mentale empêche l’invention matérielle et technique ; l’insuffisance maté-