diverses ; expression réflexe, instinctive, immédiate, directe des états émotionnels les plus simples. À ce moment les matériaux de la future création affective, matière et forme, contenant et contenu, sont à l’état embryonnaire. C’est la période d’éruption des tendances et passions dont la forme brute doit être élaborée et transmuée par l’art.
Historiquement, la musique à son début n’a pas été isolée et indépendante ; elle est intimement liée à la poésie et à la danse et dans cette trinité, la danse primitive — la danse pantomime — tient le premier rang, est « l’expression la plus immédiate, la plus complète, la plus puissante du sentiment esthétique ».
Ici, il convient de nous arrêter un peu, car nous sommes en face d’une forme éteinte de la création affective. Évidemment, cet art est depuis longtemps en état de régression ; mais à l’époque lointaine de son apogée, non dans ses survivances actuelles, il est presque en entier une création de la vie émotionnelle[1]. La danse primitive est guerrière, religieuse, érotique ; elle exprime symboliquement un traité de paix, une rencontre d’amis, une chasse heureuse, le commencement ou la fin des moissons, en un mot les principaux événements de la vie sociale.
Elle traduit donc des émotions. En elles sont sa source et
- ↑ Il faut déduire les danses gymnastiques et les danses imitatives (de la démarche de l’homme et des animaux) où les primitifs excellent. Voir Grosse, Les Débuts de l’art, chap. viii (Paris, F. Alcan),