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LA LOGIQUE DES SENTIMENTS

maladies, l’excitabilité sans cause extérieure et sans objet des névrosés, la peur de tout et de rien, sans raison ni justification, désignée sous le nom de panophobie, etc. Mais ces dispositions par leur nature même échappent à toute détermination, par conséquent au mécanisme de l’association et du raisonnement.

Il faut donc descendre de l’absolu au relatif, de cette position théorique et idéale à la vie réelle et prendre les états affectifs comme ils sont, enveloppant un élément de connaissance qui leur donne un contenu et une marque. Cet élément intellectuel est quelquefois très faible et le fait de conscience total étant un composé binaire, nous le dénommons affectif, d’après l’élément prédominant.

Sous cette forme restreinte, le problème reste encore plein de difficultés et avant de le discuter, il est nécessaire de déblayer le terrain, en éliminant quelques modes d’association qui pourraient donner le change, quoiqu’ils soient étrangers à notre question :

1o Le transfert d’un sentiment. Il peut être produit par ressemblance : lorsqu’un état intellectuel a été accompagné d’un sentiment vif, un état semblable ou analogue tend à susciter le même sentiment. — Il peut être produit par contiguïté : lorsque des états intellectuels ont coexisté, le sentiment, lié à l’état initial, s’il est vif, tend à se transférer aux autres. L’amant transfère le sentiment associé d’abord à la personne de sa maîtresse, à ses vêtements, ses meubles, sa maison. Dans les monarchies