M. F. Paulhan qui, aux aptitudes du psychologue, joint celles du musicien, a bien voulu, après une audition au Concert Lamoureux, me transmettre son observation.
En m’examinant de mon mieux, voici ce que je trouve :
D’abord l’émotion esthétique musicale, spécifique, c’est-à-dire une sorte de vie supérieure se substituant en nous à la nôtre, une excitation assez forte, sans forme précise et accompagnée de quelques phénomènes physiques… Cet état me paraît correspondre assez bien à ce que Hanslick a dit sur le beau musical.
À côté de ceia, j’éprouve aussi des sentiments qui restent assez abstraits. Ils sont parfois si vagues ou si généraux que j’ai de la peine à les distinguer ; mais ils me semblent être des abstraits idéalisés de mes sentiments dominants ou de ceux que j’aimerais à voir dominer. Parfois aussi je puis sentir particulièrement excité tel ou tel sentiment spécial et concret qui tient momentanément ou d’une manière durable une place assez considérable dans ma vie actuelle des images plus ou moins nettes peuvent être évoquées consécutivement, mais leur rôle me paraît en général peu important.
Un autre état est provoqué par des morceaux que j’ai mal écoutés, étant un peu fatigué pour les suivre ou les connaissant