
parce que, entre l’audition et l’analyse de la modulation brusque, doit se trouver un temps très court d’audition inconsciente ou plutôt de modification inconsciente des sensations, comme entre une blessure faite et la douleur sentie.
Quand je me promène au Jardin du Luxembourg, les bruits dominants du boulevard voisin se transforment en tons et c’est à travers des tons musicaux que je me représente l’allure et l’apparence réelle des individus et des objets, causes du bruit.
Un fait assez curieux c’est que dans ce monde où tout peut m’apparaître en musique, il y a à côté de toute la musique que j’entends un fond inanalysable qui me paraît du bruit. Ce fond je ne l’ait vraiment senti disparaître qu’une seule fois : c’est lorsque M. Kœnig m’a fait entendre un accord de diapason.
…. Des gouttes d’eau tombées une à une d’un robinet sur une pierre peuvent varier à tel point qu’il me semble que, comme les gens qui disent qu’ils pourraient regarder indéfiniment la mer, je pourrais les écouter indéfiniment sans les trouver monotones. Elles éveillent non seulement l’audition de notes variées ; mais, pendant la durée des notes, je perçois des ondulations minuscules que j’écoute avidement. C’est la sensation de l’infini que ces gouttes d’eau me donnent.