naturelle des innombrables nuances que peut revêtir l’émotion pure, le sentiment en lui-même, indépendamment de toutes les causes qui l’expliquent, de toutes les circonstances particulières qui le caractérisent. » Le musicien-né vit dans cette atmosphère, en est baigné, imbibé. Théoriquement, on devait le supposer ; les biographies de grands compositeurs abondent en preuves de fait : pour Mozart tout prenait naturellement une forme mélodique et rythmée. En voyage surtout, son imagination s’enflammait par la vue du paysage, le mouvement de la voiture ; il fredonnait pendant des heures des mélodies fugitives. De même pour Beethoven dans ses courses incessantes à travers la campagne. Pour éviter une énumération inutile, je me borne à transcrire une déclaration qu’un musicien m’a adressée spontanément :
Je suis dans l’impossibilité de me représenter que dans un moment quelconque de mon existence, je n’entends pas de la musique. Elle est en principe dans tout ce que je vols, je sens, j’imagine… Lorsque je suis particulièrement surexcité, le tic tac d’une pendule produit des harmonies consécutives, par exemple :


les voitures qui passent dans là rue me font entendre des successions d’harmonies très variées, selon leur poids, leur construction,