le résoudre en tous ses éléments intégrants. Sensibilité extrême pour percevoir les sons musicaux, les distinguer, les situer exactement sur l’échelle qui monte du grave-extrême à l’aigu-extrême ; mémoire sûre des sons, des intervalles, de la hauteur absolue (assez rare) ; facilité à reproduire mélodies et harmonies ; compréhension intellectuelle des formes musicales ; enfin, au-dessus de tout, aptitude à créer de nouvelles formes musicales : tels sont les caractères essentiels dont le dernier seul est propre à l’inventeur. Ajoutons, avec Stern[1], que des rapports divers de ces divers éléments, de la prépondérance des uns ou des autres résultent les nombreuses nuances ou variétés de ce type.
Pris en lui-même, il est à part, bien tranché et, pour la psychologie, son proprium quid consiste, selon nous, en sa nature foncièrement affective. Étudions de plus près ses conditions essentielles, mais uniquement d’après les cas francs et les vocations véritables.
1o La première condition est l’aptitude innée à vivre dans le monde des sensations sonores. Wagner compare l’empire des sons à un océan immense s’étendant jusqu’à l’infini, sans limites précises, sans contours arrêtés et dont la loi propre est l’harmonie, c’est-à-dire la science abstraite des combinaisons des sons entre eux. « C’est la matière dont les innombrables nuances dans la hauteur, le timbre on l’intensité sont l’expression adéquate et
- ↑ Stern, Ueber Psychologie der individuellen Differenzen, Leipzig, Barth, p. 13. V. aussi Arréat, Mémoire et Imagination, chap. iv (Paris, F. Alcan).