La première n’est qu’une architecture de sons, qui « n’a pas de matière au sens de sujet traité » ; l’œuvre de création se résume en combinaisons sonores, modulations savantes, rythmes originaux, habileté dans le développement : telles sont la musique pittoresque, imitative, purement descriptive, les morceaux écrits pour la virtuosité pure ; certaines sonates qui ne consistent guère qu’à faire, défaire et refaire une symétrie, bref tout ce qui est invention technique plutôt qu’expression de sentiments[1]. Ce mode de création, intéressant pour l’esthétique, est totalement étranger à notre sujet et en sera rigoureusement retranché.
La seconde traite les états intérieurs, non sous leur forme intellectuelle, comme idées ou comme images, mais de telle sorte qu’ils soient vivants dans la sphère du sentiment et revêtus de sa forme. Celle-ci seule est une manifestation de l’imagination créatrice affective et servira seule de base à l’étude qui suit.
III
Les dispositions affectives peuvent exister en nous sous plusieurs formes : 1o inconsciente ou subconsciente, c’est-à-dire à l’état d’enveloppement ; elles se traduisent
- ↑ Quoique la musique se prête mieux qu’aucun art au développement vide, c’est-à-dire sans contenu psychique, il convient de remarquer qu’elle n’en a pas le privilège exclusif ainsi, en littérature, les poètes qui sacrifient tout à la perfection de la forme, comme les Parnassiens ou les orateurs élégants et abondants qui parlent pour ne rien dire.